LA RENAISSANCE
Tu les as vues fleurir, déborder sur les trottoirs et sur quelques places de parking ? Les terrasses sont ouvertes et les trinqueurs sont clairement au rendez-vous.
J’ai dix ans de travail en restauration et en sommellerie dans le corps, et Dieu sait que la saison des terrasses en est une à part entière pour qui a déjà eu le bonheur de servir aux tables. Pour un temps, le resto se refait une façade festive, tout le monde veut sa place au soleil et de nouveaux employés débarquent en renfort.
Pour le client aussi, c’est le symbole puissant de la vie qui reprend ses droits après la torpeur. L’arrêt obligé d’un transit en bike au cours duquel tu croises par hasard les potes attablés. La plus belle improvisation mixte qui ne se compare à rien.
Combien de soirées magiques ai-je passées les cuisses collées sur les chaises métalliques à ouvrir tellement de parenthèses avec les copains qu’on finit par en oublier la genèse de la conversation : pis c’est pas grave !
Mais je sais ce qui te mène à me suivre jusqu’ici, dans ce texte. Tu veux savoir ce qu’il fait bon boire pour déjouer la canicule et faire couler la conversation. Je pourrais te répondre simplement « une quille bien fraîche », mais le véritable secret, c’est de choisir un vin qui pourra te suivre un petit moment et te donnera même envie de le prolonger.
Qu’est-ce que ça veut dire ? Cherche un jus à l’aromatique jouissive et à l’acidité balancée. Pourquoi ? Parce que s’il y a quelque chose de chouette qui se passe dans ton verre, t’auras envie de t’y attarder, d’y revenir, de faire durer le plaisir. Quant à l’acidité, ça en prend juste assez pour que le vin reste tendu même s’il prend quelques degrés pendant que tu jases comme s’il n’y avait pas de lendemain. Mais ça en prend pas trop pour t’empêcher d’en profiter si tu bois sans manger.
En rouge, je veux un tout petit peu de tanins, des vinif en grappes entières peut-être, où la rafle confère de jolis amers qui désaltèrent.
Mais en terrasse, mon cœur est aux blancs salins à la fois super frais ET longs en bouche. Ceux qui, entre chaque gorgée, créent un suspense presque intenable : il faut s’y replonger !
Ici, tu veux un exemple concret et je vais t’en donner un : la cuvée
, un vigneron du Rueda qui travaille le verdejo naturellement, de main de maître. C’est incisif, haut en fraîcheur et la courte macération lance un irrésistible appel à la prochaine lampée. Le genre de vin qui annonce une pas pire soirée ou mieux encore, un mémorable été.« Le nez est unique, étonnant ! En bouche, il y a une dualité entre la richesse et la tension. Il y a une matière tannique, c’est salin ! »