Hier, en me tendant ma pancetta par-dessus le comptoir, Vittorio m’a dit : « Pour ta recette de risotto, tu vas avoir besoin de deux bouteilles de blanc. Tu en bois la moitié d’une en cuisinant, tu mets l’autre moitié dans ton risotto… Et tu ouvres la deuxième bouteille pour le repas ! » J’adore l’esprit pratique de ce vieil épicier, mais aussi tout ce que son précieux conseil sous-entend. Ce que Vittorio dit au fond, c’est de profiter autant du voyage que de la destination, du labeur que de sa récompense.
Oui, les petits dés de la mirepoix sont toujours impeccablement symétriques lorsqu’on a de quoi se tremper les lèvres.
À mes amis qui désirent élaborer un repas digne de ce nom, mais se découragent en feuilletant leurs livres de recettes, je me permets de prodiguer le même genre de conseil : donnez-vous le courage de vous mettre à la tâche. Tenez, en ce moment même, il y a un beau blanc, éclatant et tendu, qui m’attend au frais. Je l’ouvrirai plus tard, en faisant ma mise en place. Oui, les petits dés de la mirepoix sont toujours impeccablement symétriques lorsqu’on a de quoi se tremper les lèvres. Et au bout de ce plaisir bu sans hâte dans ce temps suspendu, tout est mesuré, taillé et disposé ergonomiquement. La réalisation d’un menu complexe est morcelée en plusieurs étapes. Ce n’est plus un casse-tête, mais une agréable méditation qui se poursuit jusqu’à la table. Suffit simplement de garder de quoi arroser vos merveilleux plats.