THÉRAPIE PAR LE VIN
15 février 2018
Thérapie par le vin : la sécheresse
Emilie Villeneuve

On va se dire les vraies affaires : souffrir d'anxiété et aimer le bon vin, ce n'est pas une mince affaire. Non pas parce que l'anxiété et le vin ne font pas bon ménage, non, parce qu'on n'est pas toujours certain que le vin va être bon.

SÉCHERESSE

Dans le roman Sècheresse (The Drought) écrit par James Graham Ballard en 1964, il ne pleut plus depuis une décennie. Le sol stérile craque, la pollution prend à la gorge, la population meurt tranquillement de soif et les survivants s'entretuent. Mi-février 2018, au beau milieu d'un mois sans alcool, la terre craque sous les assauts répétés du vent et de la neige. La population meurt de soif et les survivants s'entretuent.

Mais non, ça se passe relativement bien, même le vendredi soir à 17h, et tout cela me rassure quant à la nature de ma relation avec l'alcool. Hier, tiens, j'étais à un encan silencieux de vins avec une amie sommelière qui a sabré un délicieux champagne. Pas bu une seule petite gorgée. Y'en aura d'autres, je me disais, des bulles. Le secret de ce calme méditatif qui habite chacune de mes cellules en ce moment? Je fais des plans à moyen terme et j'investis dans un futur rapproché.

Quoi? Ce n'est pas parce qu'on ne peut pas boire qu'on ne peut pas acheter! C'est, de toute façon, une attitude tout indiquée et parfaitement légitime en temps de sécheresse. Ma grand-mère me l'a ainsi enseigné : il est plus que sage de faire des réserves. Ce qui fait que l'humble rack à bouteilles qui orne l'un des murs de béton de mon sous-sol et que j'appelle amoureusement mon cellier (pour ne pas qu'il ait une pauvre estime de lui-même) commence à être bien rempli.

Cette fois-ci, après quatre années à rouler à sec 28 jours d'affilés, j'ai décidé de ne plus résister à l'appel du joli label, aux conseils avisés, aux alléchantes infolettres des agences. Pas la peine. Ça serait beaucoup trop d'énergie mal dépensée; surtout qu'en temps de sécheresse, il vaut mieux économiser ses énergies, à défaut de son argent. Je choisis donc mes bouteilles comme si elles étaient des tenues d'été en me disant que le soleil va revenir. Je les range soigneusement et les caresse de temps en temps. La perspective des mois à venir n'en est que plus douce, comme si, au-delà de ce désert glacial et immaculé, il y avait bel et bien la promesse d'un printemps. Et d'une gorgée de champagne.

ANGOISSÉ À L'IDÉE DE NE PAS SAVOIR REMPLIR VOTRE CELLIER ? VOICI LES CONSEILS DU THÉRAPEUTE.

Parce qu'il ne faut jamais rester seul dans sa détresse œnologique, voici les conseils de mon ami sommelier Samuel Chevalier-Savaria, celui que je n'ose jamais appeler pour ce genre de chose, de peur qu'il ne m'aime plus.

"Emilie, tu veux m'expliquer encore pourquoi tu arrêtes le vin pendant 28 jours ? Ah, puis, laisse donc faire. Écoute, si tu veux mettre de l'amour dans ton cellier, inspire-toi de ce que tu aimes déjà. Les producteurs de ces vins font peut-être des cuvées parcellaires ou alors, ils travaillent avec des vieilles vignes qui ont un plus grand potentiel de garde. Tu peux acheter trois ou six bouteilles du même vin et ainsi les déguster à différentes étapes de leur évolution.

Perso, je conserve peu de bouteilles sur de longues périodes. Souvent, j'ai trop soif. Voir une bouteille là pendant cinq ans, saliver à chaque fois que je la croise, ça finit par me ronger. Je t'avoue que j'ai complètement vidé ma cave, par deux fois. Je n'aimais plus les choix que j'avais faits, ça fait que j'ai organisé des grosses fêtes pour passer tout mon inventaire."

Hum, as-tu un vide cellier prévu en mars, Sam ?

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