UNE BOUTEILLE AVEC
19 décembre 2023
ARIANNA OCCHIPINTI
« Tu vois ces arbres, ces valons sillonnés de vignes, cette verdure ? Ce sont les humains qui ont fait ça. Ils sont responsables de le préserver. »
Emilie Villeneuve
ARIANNA OCCHIPINTI
Photographie : Emilie Villeneuve

Arianna a la voix chaude et l’œil ardent de celles qui grandissent au soleil. Si on a longtemps décrit la reine du frappato comme la leader d’une nouvelle génération de vigneronnes et de vignerons siciliens, elle est toujours aussi militante qu’à ses débuts, il a y 20 ans. Aujourd’hui, elle défend le respect de la biodiversité, au-delà de tous principes.

Lorsqu’on regarde ton parcours, depuis ton premier millésime à 22 ans, on se dit qu’il t’a fallu une sacrée dose d’ambition pour arriver là où tu es. Tu cultives des vignes sur 30 ha puis, sur un autre 42 ha, des poires, du blé, des légumineuses, des olives, sans parler des citrons et d’un immense jardin.

Atteindre les objectifs que l’on se fixe, ça demande de l’intention. Certains disent que je suis une « femme forte ». Mais je ne suis forte que de mes croyances et de mes valeurs. Et si le travail de vigneronne exige effectivement de la force physique, faire du vin de manière naturelle demande également une grande sensibilité. Les deux vont de pairs. À ceux qui affirment que je réussis parce que je suis une personne chanceuse, je réponds que la chance vient à ceux qui bossent fort.

Est-ce que tout ce labeur t’énergise ou t’épuise ?

Je pense que, ce qui peut parfois m’épuiser, c’est mon hyperactivité. C’est-à-dire que je me fatigue moi-même. Depuis deux ou trois ans, je me rends compte de mes limites et je tente de les respecter. Surtout j’apprends à m’entourer. Quand on est jeune, il y a une part d’égoïsme dans notre quête de réussite. On veut montrer ce dont on est capable, se prouver. En vieillissant, on a envie de partager, de créer quelque chose de plus grand que soi, de plus fertile.

Les viticulteurs sont d’abord et avant tout des agriculteurs et tous ceux qui choisissent de cultiver la terre sont les gardiens des paysages.

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Arianna Occhipinti

Comment ta vision de la viticulture a-t-elle évolué avec les années ?

Au départ, je voulais faire du vin naturellement. Aujourd’hui, je cherche plus largement à inscrire ma démarche viticole dans un projet de biodiversité. J’ai compris que c’était mon rôle. Que les viticulteurs sont d’abord et avant tout des agriculteurs et tous ceux qui choisissent de cultiver la terre sont les gardiens des paysages. Il s’agit de notre patrimoine ! Ferme les yeux et imagine la Toscane. Tu vois ces arbres, ces valons sillonnés de vignes, cette verdure ? Ce sont les humains qui ont fait ça. Ils sont responsables de le préserver. Pour moi, cette sauvegarde passe par la polyculture. En Sicile, on a laissé de grands feux ravager nos forêts. Avec les changements climatiques, il ne tombe presque plus de pluie. Les sols sont arides et, sans ombre, rien n’y pousse. On ne peut les laisser à l’abandon.

Et le vin dans tout ça ?

Il est central, tout part du vin. C’est lui qui donne de la force à toute cette idée. Le vin génère les moyens financiers et il crée les connexions nécessaires à la concrétisation de ce grand projet d’agriculture respectueuse de la biodiversité.

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